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« Le jeune homme éplucha des yeux la douzaine de feuillets exhumés de sa serviette jusqu’à ce que le RER arrive en gare. Tandis que s’évanouissait sur son palais l’empreinte des derniers mots prononcés, il contempla pour la première fois depuis son entrée dans la rame les autres voyageurs. Comme souvent, il découvrit sur les visages de la déception, voire de la tristesse. Ça ne dura que le temps d’un ébrouement. Le wagon se vida rapidement. Clap de fin. « 

C’est un drôle de pitch que celui du Liseur du 6h27 : chaque matin, Guylain lit aux passagers du train qui le mène à son travail des extraits de vieux livres voués à la destruction🧐. Ironie du sort : c’est Guylain lui-même, avec ses collègues de l’usine de destruction de livres, qui est chargé de broyer les livres en question. Alors, comme pour leur donner une dernière chance, comme pour croire que tout est possible, comme si cela allait changer les choses, Guylain lit tous les matins pendant les vingt minutes de son trajet de RER des extraits de livres.

Evidemment, déshumanisation des grandes villes oblige, la plupart des passagers ne disent rien, ils ne l’en empêchent pas mais ne l’encouragent pas non plus. Mais quelques-uns vont être touchés par cette curieuse habitude prise par Guylain, et on découvre au fur et à mesure des pages les tranches de vie de ces passagers en même temps qu’on en apprend plus sur le pourquoi de l’attitude du jeune homme et sur sa vie, ses peurs, ses doutes, jusqu’à une révélation lors de l’un de ses trajets.

C’est inhabituel, c’est drôle, c’est grinçant. C’était avant l’ère des réseaux sociaux et du culte de l’égocentrisme (le roman est sorti en 2014), et ça fait du bien ! Il a très bien marché à ce moment-là, mais si vous êtes passés à côté, n’hésitez pas ! Vous ne le regretterez pas 😉

Bonne lecture !

Cosette